Sous la virulente pression de personnalités soutiens à Israël - responsables d’associations communautaristes, comme le CRIF, ou élus de de la Région Auvergne-Rhône-Alpes - Grégory Doucet, maire de Lyon, a été contraint d’annuler la conférence qui était prévue ce jour, 1er février 2023, sur le thème « Trente ans après les accords d’Oslo, regard sur la Palestine. »
La charge des censeurs s’est focalisée sur l’invitation de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, qui a passé plusieurs mois en détention administrative en Israël et fut expulsé vers la France le 18 décembre 2022, en violation du droit international. La méthode a été simple : l’assimiler à un terroriste en raison de ses engagements pour la défense du droit des palestiniens. Témoin direct et victime de l’arbitraire de l’État israélien qui emprisonne sans chef d’accusation, sans procès, témoin direct de l’occupation militaire et de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, témoin de la brutalité des forces de sécurité israéliennes et du système d’apartheid en vigueur dans ces territoires, les soutiens à Israël ne pouvaient supporter que la parole soit donnée à Salah Hamouri.
Mais la raison profonde de leurs hurlements n’était pas exclusivement l’invitation de Salah Hamouri, elle a été un prétexte, ce qui les a agacés au plus haut point c’est la tenue de cette conférence, dénoncée comme « une conférence de désinformation contre Israël. Une conférence honteuse, irresponsable, coupable de compromission avec l’antisionisme. » Tout est clair : Israël doit rester à l’abri de toutes critiques, à l’abri des regards sur le sort fait aux Palestiniens.
Il est totalement inadmissible que des groupes de pression, soutiens à un pays tiers, puissent entraver la liberté d’expression en France. Discuter sous le toit d’une mairie de questions de politiques internationales, profiter des 30 ans des accords d’Oslo pour porter un regard sur la situation en Palestine, n’a rien d’irresponsable, rien d’assimilable à de la haine.
Trop réjouis de pouvoir attaquer le maire de Lyon, certains élus et responsables politiques de la région ont joint leurs voix aux soutiens inconditionnels d’Israël, histoire d’amplifier les tensions et renforcer les chances de faire annuler la conférence. Irresponsables, oui, eux le sont en s’attaquant à la liberté d’expression.
Comme le rappelle Amnesty International, plusieurs conférences et débats portant sur la question des politiques menées par Israël et sur la situation dans les territoires palestiniens occupés ont été annulées suite aux pressions de groupes divers, cela a été le cas pour les mairies de Montpellier et Marseille, pour les universités d’Aix en Provence et Lyon III…
La méthode de ces groupes est toujours la même, une méthode rouleau compresseur, faite de tweets, de messages, de communiqués à la presse où, faute d’argument politique, c’est la calomnie, la diffamation, l’anathème qui règnent en maître. L’objectif : faire monter la tension jusqu’à ce que la préfecture, invoquant le « risques de troubles à l’ordre public », mette en demeure les organisateurs d’annuler l’évènement programmé. Il est temps de dénoncer leurs intimidations et la complaisance des autorités du pays avec ces groupes, il est temps de mettre fin à leur manège qui aboutit à la censure.
AFPS Lyon le 1er février 2023